Inédit : Le cirque en coulisses !

C'est l'instant unique et ultime ! Celui, vécu en coulisses, par l'artiste, juste avant qu'il ne s'élance sur scène. Après des mois de répétitions il va offrir à l'oeil du public, sa création ! Le cirque et ses héros, Dominique Secher les connaît bien. Sa passion ? La photographie et les coulisses du Cirque d'Hiver Bouglione, entre autres ou des festivals comme celui de Massy, de Domont où il capte ces moments fugaces et méconnus du public. Il en a fait un livre inédit (Editions du Jongleur). Interview.

La passion de Dominique pour la photographie est née à l'âge de 14 ans. En voyant son père avec son appareil il décide de le lui emprunter. "Et je l'ai cassé, explique-t-il d'emblée. Tout simplement parce que je ne savais pas m'en servir. Pendant quelques années, je n'en ai plus touché un mais l'idée était toujours là." C'est en partant à Avoriaz pour un travail qu'il a décidé d'investir son argent dans du matériel. "La photographie a toujours fait partie de ma vie, confie-t-il, avec des interruptions et des reprises. Au moment de l'apparition du numérique, elle ne m'a plus quittée." Dans des univers variés: reportages, artistique ou sportif. "Ce que j'aime, c'est casser les valeurs et photographier ce que je vois. Le décor est très important pour moi, presque autant que le sujet de la photo. La personne, dans son décor révèle beaucoup. J'aime les plans large. En studio, le travail est différent. Moi, j'aime les univers compliqués à gérer. En voyant un lieu, je saisis qu'une photo doit se faire à cet endroit et réfléchis à la façon dont je vais m'y prendre pour gérer cet ensemble complexe. Je cherche l'angle. Et plus, c'est difficile, plus je m'éclate." Dominique Secher aime saisir l'instant présent. "Même pour des photos "posées" lors d'une commande, j'aime le off, le moment où la personne se prépare, se maquille." Noir et blanc ou couleur, le photographe a exercé dans les deux domaines. Le noir et blanc l'attirait pour l'intemporel mais la couleur s'est imposée en rencontrant l'agence Hans Lucas.

Le cirque, un festival de couleurs

"Pour le cirque, c'est un peu la fête des costumes et des couleurs." L'entrée dans l'univers circassien a été une histoire de hasard et de contacts. "Ce milieu m'attirait, confie t-il, et j'ai pénétré dans cet univers via le cirque Pinder où je suis resté trois/quatre ans. J'ai travaillé ensuite à l'Hippodrome de Vincennes. C'est grâce à Frédéric Colnot, Monsieur Loyal rencontré chez Pinder puis au Cirque Bouglione que je suis arrivé là-bas." Dans cet univers, Dominique Secher a toujours aimé l'ambiance du backstage. "Ce qui m'a toujours intéressé c'est ce qui se passe derrière le miroir et l'attente". Le Cirque Bouglione reste le plus marquant pour Dominique Secher. "C'est un show total" souligne-t-il. La couverture de son livre a été prise au Cirque d'Hiver à Paris. Un instant backstage non préparé: "Avant d'entrer sur scène, l'éléphant doit traverser le bar. En fait, leur tente est à côté du bar et pour entrer sur la piste, ils doivent traverser le bar. Son dresseur était en train de lui retirer la paille des pattes. L'animal attendait. Ce qui me plait dans cette photo, c'est le décalage entre le lieu et le "personnage". Au cirque, chaque moment est unique."

Entrer dans l'univers du cirque, c'est aussi aller à la rencontre d'une famille. "Et Bouglione est une grande famille !"

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"Les répétitions prennent beaucoup de temps mais permettent de les voir travailler. Il faut aimer ça. Mon travail est artistique. Je fais beaucoup de photos et au parmi elles, il va y avoir celle dont on va être heureux. En backstage, la technique est compliquée avec la lumière. Mon bonheur est d'avoir une liberté en particulier au Cirque d'Hiver. Les garçons de piste me connaissent et me donnent des idées de lieux que je n'aurais pas osé demander. Les gens apprécient mon travail et leur confiance me touche beaucoup."

Malgré la pandémie, le photographe a un projet sur l'année à venir : "Partir en Europe de l'Est dans un van pour suivre des artistes dans leurs caravanes, en costumes et présenter d'autres réalités de l'univers circassien."

Soulignons, pour conclure, l'analyse du travail de Dominique Secher par Sylvie Perault, anthropologue des arts vivants, en préface de l'ouvrage : "La démarche de Dominique Secher s'ancre dans une pureté graphique qui témoigne d'une réalité brute saisie par la photo pour aller vers une approche poétique du cirque. Un témoignage qui n'a pas de prix et devient patrimonial."