Rendez-vous avec Picasso à
Saint-Rémy-de-Provence
Annie Maïllis est commissaire de l'exposition "Eros dans l'arène de Picasso" tout juste ouverte au public au Musée Estrine de Saint-Rémy-de-Provence. Celle qui fut amie de Françoise Gilot, peintre, muse de Pablo Picasso disparue aujourd'hui, nous a permis de visiter les lieux, aidé à mieux comprendre son projet et ainsi décrypter des aspects de l'oeuvre de l'artiste.
Née en Camargue, Annie Maïllis avait consacré sa thèse de doctorat au traitement artistique et littéraire de la tauromachie. Contactant Françoise Gilot vivant aux Etats-Unis pour ses recherches, une amitié était née entre les deux femmes ainsi qu'un livre d'entretiens. Et en 2021, Annie Maïllis avait consacré une exposition en ces lieux à l'oeuvre de Françoise Gilot.
En nous proposant de découvrir des aspects de l'oeuvre de Picasso souvent méconnus du grand public, elle nous permet aujourd'hui de mieux saisir l'essence de certains de ses tableaux.
Né en Andalousie en 1881, Pablo Picasso se passionne pour la peinture dès l'enfance grâce à son père qui enseigne le dessin à l'école des Beaux-Arts de Malaga. Un père qui l'emmène régulièrement aux courses de taureaux et fait naître cette passion à travers le début de son oeuvre.
Ainsi, dès l'âge de 8 ans, l'enfant peint sur une boîte de cigares Le Petit Picador jaune, une miniature, huile sur panneau de seulement 24X19cm, exposée au Musée Estrine.
Historiquement, explique Annie Maïllis, "le picador fut le protagoniste de la corrida avant que le matador ne s'imposât dans les années 20".
Personnages essentiels dans cet univers, les femmes qui admirent ces hommes en héros sur les gradins de l'arène faisant dire à Luis Miguel Dominguin: "Si la femme n'assistait pas aux corridas, les toreros n'existeraient pas." Le lien entre la femme et le taureau se fait donc très tôt dans l'esprit et l'oeuvre de Picasso.
Dans un second temps, l'exposition décrypte un certain nombre d'oeuvres qui manifestent cet angle qu'on peut résumer sous les mots de Michel Leiris qui écrivait: "Il n’est pas besoin de solliciter beaucoup les faits... pour constater que la corrida toute entière baigne dans une atmosphère érotique." Un certain nombre des oeuvres exposées soulignent cet aspect empreint de sexualité au coeur du musée avant de passer à l'étude des jeux et enjeux autour des mythes.
A noter enfin une très belle salle dédiée à un grand nombre de photographies de l'artiste, entouré de ses enfants, d'amis mais aussi de femmes toreras qui ont accompagné son existence.
En bref une exposition à visiter mais qu'il faut resituer dans le contexte d'une époque au coeur d'une culture différente de celle que l'on appréhender aujourd'hui. Les oeuvres proposées restent exceptionnelles et permettent de mieux saisir l'oeuvre de l'artiste au delà de l'avis de chacun sur la corrida.
Une exposition à visiter jusqu'au 21 septembre.
Renseignements sous ce lien
Texte et photos : Marie-Hélène Abrond
Ajouter un commentaire