L'Art pour la Paix - un musée géant va ouvrir en Malaisie
Une tortue géante sortie des eaux sur l'île de Penang... Un symbole fort de longévité, de bonté et de prospérité dans la culture chinoise, à l'image du professeur Lin Xiang Xiong qui a décidé de créer un musée sur l'eau dédié à la Paix sur 8000 m2 et sept étages. Un aboutissement de chemins de vies multiples pour le peintre en quête d'avenir pour les générations futures et les artistes qui sont pour lui des missionnaires de la paix entre les peuples. Nous l'avons rencontré lors de sa visite à Paris.
Monsieur Lin est né dans les tourments de l'Histoire dans la Chine de 1945 au coeur d' un petit village. Une maman morte sous la torture et un départ vers Singapour à 11 ans pour retrouver son père. Il nous raconte la suite...
Comment est née votre passion pour la peinture ?
Dès l'âge de 7 ans, j'ai commencé à manifester un intérêt pour la peinture quel que soit le support, terre, papier, un peu sous forme de graphisme. Pendant mon enfance à l'école primaire puis au collège, j'ai toujours été numéro 1 dans mon domaine que ce soit la peinture ou le dessin. Plus tard, je suis entré dans une école professionnelle dédiée aux Beaux-Arts. J'ai débuté avec l'aquarelle, la peinture dans le style chinois avec de l'encre. Et cela fait 70 ans que je suis artiste.
Plus tard, vous êtes venu à Paris et entre les petits boulots et les Beaux Arts où vous avez étudié, vous avez découvert notre pays. Que représentait la France pour vous ?
Pour moi, c'est un pays extraordinaire sur le plan culturel. Depuis la Renaissance, la France a conduit tous les courants littéraires et artistiques pendant plusieurs siècles. A mes yeux, la France est éternellement la capitale des arts dans le monde. Ainsi, j'ai appris des techniques françaises en peinture et ai cherché à fusionner avec les techniques chinoises afin de créer mon propre style. J'ai constaté que si je faisais uniquement de la peinture à l'huile, je ne pourrais jamais rivaliser avec les peintres français européens ou américains. La seule façon était d'associer cet ensemble afin de créer mon esthétique poétique. Au bout de 40 ans de tatonnements, j'ai enfin présenté mes tableaux avec un style qui m'était personnel.
Vous dîtes: "Mes oeuvres sont des messages adressés aux hommes pour les avertir des dangers qui menacent notre planète". Quels sont-ils, selon vous ?
En effet, depuis le 20ème siècle et ces 50 dernières années, le monde a connu des changements inédits.
La fondation de l'humanité a été sculptée dans un ADN de barbarie. Cette humanité commence à s'égarer en perdant la raison lorsque l'on voit les tensions géopolitiques et les guerres, les invasions, la cupidité pour la richesse. Sur le plan économique les capitalistes cherchent absolument les bénéfices aux dépens de l'intérêt de la planète, de l'environnement, de la nature humaine.Tout ceci a créé des bouleversements climatiques, des catastrophes, les incendies forestiers... Ce changement climatique est un danger éminent et permanent. L'ensemble de ces éléments fait que les 8 milliards d'habitants de notre planète qui travaillent dur sont, pour la plupart, dans la pauvreté. Les tensions naissent dans la société. Aujourd'hui ce sont des défis auxquels l'humanité doit faire face. Depuis 30 ans, j'avance l'idée que la création artistique peut jouer un rôle contre la guerre, la pauvreté, le réchauffement climatique, les inégalités.
Vous avez parlé d'un village mondial durable. Comment le verriez-vous ?
L'humanité devant faire face à de nombreux défis comme inégalités et injustices, comment résoudre ce problème ? Nous ne sommes que des individus et ne pouvons pas seuls résoudre les problèmes. Les politiques doivent trouver des solutions mais peut-on y parvenir ? Si on lance un message et qu'il est reçu par les médias, les artistes, architectes, danseurs, intellectuels, si les journalistes y adhèrent on pourra y arriver.
Je voudrais vous parler du musée que vous allez ouvrir en décembre sur l'île de Penang. Pourquoi avoir choisi ce lieu sur la mer ?
Pour moi, c'est le meilleur. Ce qui est inédit, c'est qu'il soit construit sur l'eau. On n'a jamais vu un musée des beaux-arts bâti sur un lieu aquatique. Il y a 200 ans, c'est aussi l'endroit où se sont rencontrés la culture orientale et occidentale. On peut également trouver une convergence de deux fleuves sur le lieu.
Quel message adresseriez-vous aux jeunes générations ?
J'ai passé des décennies à transmettre le message de l'Art pour la Paix. Le musée a été construit pour devenir une plate-forme en faveur de la paix et de façon permanente. L'objectif est de réunir les artistes qui exposent dans le monde entier. Le projet est qu'ils puissent exprimer leur art pour la paix à leur manière et ainsi créer des oeuvres au service de l'humanité. En Chine, un proverbe dit : "A force de travailler, les gouttes d'eau parviennent à percer un caillou et tous les ruisseaux convergent vers la mer". La persévérance est la clef. Si l'humanité travaille dans le même sens nous y parviendrons.
Marie-Hélène Abrond
Publié le 7 juin 2025
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