1917, le film réalisé par Sam Mendes sort mercredi sur les écrans. Deux prix déjà aux Golden Globes qui se sont déroulés début janvier : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur. Le film est dès aujourd'hui en route pour les Oscars en février avec dix nominations. Un film fort tant par le scénario que par la mise en scène et les conditions de tournage. Car c'est l'histoire de deux hommes dans la grande Histoire des hommes. Un film qui contribue à la Mémoire.

1917, c'est le tournant de la première guerre mondiale. Celle de l'entrée en guerre des Etats-Unis , le 2 avril 1917, après que des navires américains ont été coulés par l'Allemagne. Le combat en France a commencé trois ans plus tôt, entrainant l'Europe dans un bain de sang. Le Royaume-Uni allié de la France a ses troupes sur le territoire français depuis 1914.

Les fronts mouvants se sont stabilisés, les troupes ont créé des tranchées pour tenter de se protéger et montent à l'assaut. Le 6 avril 1917, jour où se déroule l'action du film, deux hommes parmi d'autres sont appelés par leur Général pour réaliser une mission. Le premier, c'est Blake (Dean-Charles Chapman) qui choisit Schofield (George Mac Kay) pour l'accompagner. Objectif: porter un message pour arrêter un assaut considéré comme un piège par les britanniques. Enjeu: sauver 1600 hommes d'une mort certaine sachant que Blake a son frère dans cette vague d'assaut. "Si vous échouez, votre frère mourra" lui assène le Général. Pression morale liée à la famille et à la fraternité entre les hommes. Ils n'ont que huit heures pour passer d'un point à l'autre et devront traverser les lignes ennemies.

Une histoire inspirée de souvenirs racontés par le grand-père de Sam Mendes qui était dans les tranchées en 1917 et dont la mission était de porter des messages d'un point à un autre.

1917, le film, est une forme d'immersion totale réflétant une part de la vie de ces hommes.  Dans un paysage lunaire où ils doivent avancer au milieu des cadavres, des barbelés, ils sont constamment à découvert. Tout n'est qu'hostilité ressentie avec une peur qui doit être dominée, la crainte de mourir à chaque instant. Et le courage, la bravoure pourtant.

Chaque lieu est un risque, un piège, un obstacle, un doute. Impossible de faire confiance à l'humain dans une guerre face à l'ennemi. La fraternité peut aussi être fatale. Et surtout "Ne pas s'appesantir" comme l'entend Schofield.

L'intérêt du film est qu'il aborde les scènes de vie à hauteur du regard humain, le combat, l'avancée des deux hommes dans des lieux hostiles. On a beaucoup parlé de ce tournage hors norme sous forme d'un plan séquence ou disons, plusieurs plans séquences reliés qui nous mettent en immersion totale dans l'image et l'histoire.

Pour mener à bien cette "aventure" de tournage, il a fallu recréer des décors grandeur nature, creuser près de deux kilomètres de tranchées et tout planifier, tout envisager. Les cadreurs suivent à hauteur des comédiens leur marche, leur course incessante, sans jamais se retourner. Un film où disent les acteurs, "on ne fait qu'avancer". Un long-métrage d'extérieurs où tout est défi, avec une vision à 360 degrés, où la météo capricieuse joue un rôle et provoque l'attente, en répétitions. Car toutes les prises doivent être accordées dans le plan et en particulier avec la lumière changeante. Et soudain, l'éclaircie et le tournage dans l'urgence pour des scènes longues de six minutes non-stop désorientant parfois les comédiens.  Regardez le making-off ci-dessous.

Un film singulier donc,  dans lequel, souligne Sam Mendès, "Chacun des pas, chaque respiration est essentielle". La musique haletante de Thomas Newman nominée aux Golden Globes apporte le souffle ultime, la sensation d'avancée; elle accompagne l'angoisse, la fuite, l'effroi, l'humanité avec la population, souvent touchée et parfois oubliée dans l'Histoire et souligne la fraternité entre frères d'armes. Un film palpitant, humain, à voir en  version originale sous-titrée.

                                                                                                     Marie-Hélène Abrond

                                                                                           Publié le 13 janvier 2020

 

 

 

 

 

 

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