Film choral, comédie tragique à l'image de la vie, "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part" a été tissé et librement adapté du recueil de nouvelles du best-seller d'Anna Gavalda publié en 2001. Il sort aujourd'hui au cinéma avec une affiche de choix: Jean-Paul Rouve, Alice Taglioni, Benjamin Lavernhe, Camille Rowe, Aurore Clément, Elsa Zylberstein.
Arnaud Viard, scénariste et réalisateur a créé un univers tendre et attachant en unissant subtilement les personnages des nouvelles qui avaient été publiées dans un seul opus. "Il m’a semblé que le sujet du livre, c’était le désir, explique-t-il. Selon lui, "Il y avait un nombre infini d’adaptations possibles". Il a donc dû faire des choix et réussi à créer une fratrie puis "insufflé aux quatre personnages, des situations, des bouts de dialogues ou d’histoires, piochés dans les nouvelles". La famille donc, c'est Jean-Pierre (Jean-Paul Rouve) l'aîné, présent pour sa mère (Aurore Clément), sa soeur, Juliette (Alice Taglioni), prof de Français rêvant d'écriture, son frère Mathieu (Benjamin Lavernhe) grand angoissé et la petite dernière Margaux (Camille Rowe) bien décidée à devenir photographe. Dès la première scène, on comprend que Jean-Pierre est le pivot de la fratrie. Commercial, père d'une petite fille, il est devenu un peu le chef de famille après le décès de son père. Il est celui qui conseille, écoute, dépanne financièrement, rassure, encourage, toujours présent lorsqu'on a besoin de lui. Un rôle lourd, trop sans doute, qui lui fait oublier qui il est, sa nature profonde et ses rêves de jeunesse.
Jusqu'au jour où ressurgit Héléna (Elsa Zylberstein), son amour de jeunesse, devenue une comédienne célèbre. Des retrouvailles pleines de regrets. Elle avoue "Si je n'avais pas eu mon métier, j'aurais tout raté". Avec elle, ses souvenirs de théâtre et en toile de fond du film, la pièce "La Mouette" de Tchekhov qu'ils jouaient ensemble et qui retentit dans leur présent. "Quand je pense à ma vocation, la vie ne me fait plus peur", entend-on Héléna jouer sur scène.
Photo: Céline Nieszawer
Et les extraits du poème de Peter Handke (Par les villages. Ed .Gallimard) résonnent et sonnent comme un bilan de vie mais aussi une ouverture d'existence à mi-parcours: "Joue le jeu. Evite les arrière-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond. Ne décide qu'enthousiasmé. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles devienne doux." L'écriture qui meut les espoirs de Juliette aboutira à un manuscrit, titre du livre d'Anna Gavalda. On ne vous racontera pas toute l'histoire ni son issue. Il reste à découvrir un film tendre, attachant et pudique qui vous ressemblera... peut-être.
Marie-Hélène Abrond
Publié le 20 janvier 2020
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