Elvis Presley, star entre deux mondes

Fin mai, le biopic sur Elvis Presley, réalisé par Baz Luhrmann était présenté au Festival de Cannes. Un film mettant en scène le King sous les traits d'Austin Butler et son manager le Colonel Parker incarné par Tom Hanks. Le long-métrage salué par la critique est toujours en salle et mérite le détour pour les amoureux d'Elvis, géant de la scène mais aussi pour ceux qui veulent découvrir l'homme au delà de l'icône.

Priscilla Presley, l'épouse du King, disparu il y a 45 ans, est ressortie "très émue de la projection", racontait le réalisateur à Cannes: "Si mon mari était là, confiait-elle à Baz Luhrmann, il dirait à Austin: tu es vraiment moi".  Au fond, il s'agit vraiment de l'objet du film: dépasser l'icône pour rencontrer l'humain et comprendre la source de son talent et son âme tourmentée. Tiraillé entre deux mondes, dans la société ségrégationniste américaine des années 50, Elvis, enfant blanc élevé au coeur des quartiers noirs pauvres de Memphis a puisé sa musique dans ce creuset en y ajoutant son talent. 

Si le film s'ouvre sur l'image de son manager aux portes de la mort, c'est pour mieux nous raconter les débuts de l'artiste, son univers musical, la montée en puissance de sa carrière. Personnage trouble, controversé accusé d'escroquerie, celui qui se faisait appeler Colonel Parker,  affirme  d'emblée au jeune Elvis: "La scène, c'est l'entourloupe". Il voit le potentiel d'une future star, son pouvoir de séduction grâce à son déhanché qui met en transe les filles. Il conseille, se veut protecteur quand les autorités cherchent à emprisonner l'artiste pour "bouger comme un homme noir" sur scène. 

Parker construit un dispositif financier mettant sa famille au coeur d'un système qui va peu à peu enfermer la star qui étouffe dans sa cage dorée. Elvis, le film est aussi l'expression de l'Amérique des années 50 à 70, dévoilant le lien entre le business, le show et le pouvoir des médias. 

Ainsi, le biopic montre habilement les stratégies manipulatrices  de Parker pour parvenir à ses fins: "Tout ce qui compte, c'est que cet homme monte sur scène ce soir" affirme t-il. De cachets en piqûres, Elvis se perd, se retrouve et traverse une actualité qui le bouleverse: l'assassinat de Martin Luther King, celui de Bob Kennedy tandis que Parker pense merchandising, jouant sur la fibre financière, sentimentale de l'artiste auquel il a permis d'accéder à la gloire et dont il encaisse la moitié de la fortune.

Alors, quand Elvis veut se ressourcer, il fuit quelques heures et revient à ses racines dans les quartier noirs au Club Handy de Memphis.  Sous les masques et les costumes qui l'habillent, le film  nous révèle la sensibilité et profonde fragilité de l'homme. Un rôle ayant marqué à vie Austin Butler qui a travaillé deux ans sur celui qui restera The King dans l'histoire du rock' n' roll. En bref, un film à ne pas manquer !

Marie-Hélène Abrond

Publié le 11 juillet 2022

 

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