Il y avait foule et une ambiance joyeuse, lors de l'avant-première parisienne du film de Nicolas Pariser "Alice et le Maire", au cinéma UGC des Halles. Le film sort mercredi 2 octobre avec une affiche de choix:  Fabrice Luchini, Anaïs Demoustier, Thomas Chabrol, Nora Hamzawi... Un film riche en réflexions sur la vie politique, ses coulisses et plus largement sur les facettes du pouvoir. 

Anaïs Demoustier l'affirme d'emblée: "Ce film délicat raconte la rencontre de deux personnages de façon subtile et singulière et nuancée." Son rôle ? Celui d'une jeune femme brillante, philosophe qui débarque à la mairie de Lyon où elle vient d'être recrutée. Alice Heimann, c'est son nom, sort d'Oxford et découvre son poste qui, à peine créé - absurdité administrative - vient d'être supprimé et transformé en une mission de "travail aux idées". "Ton boulot, c'est de prendre du recul", lui explique-t-on. Le maire, Paul Théraneau, interprété par Fabrice Luchini est en proie à de profonds doutes sur sa mission d'homme politique. "Je ne peux plus penser", confie-t-il, désespéré. L'homme, avant d'entrer en politique, travaillait dans la publicité et a toujours eu des idées qui se sont taries au fil des années consacrées à la vie publique. "Faites moi penser", demande t'il à Alice, comme une supplique.

En retrouvant des amis de son âge,  le jeune femme mesure le décalage entre la réalité du quotidien et celle du Maire, feutrée, où il est entouré, en permanence, d'une nuée de conseillers qui écrivent, pensent, analysent, organisent et font à sa place. Alice observe, note et propose des pistes de réflexion. L'une sur la modestie, jette à terre toute idée de mégalomanie. Elle parle avec franchise, fraicheur et offre à son interlocuteur la spontanéïté qu'il a perdue au fil du temps... par manque de temps. "J'ai tout sacrifié à ma vocation. La politique, c'est comme la peinture, la musique, ça prend toute la vie", confie Paul Théraneau à la jeune Alice. 

L'influence de sa pensée sur le Maire va augmenter... il veut discuter avec elle régulièrement, ses idées se modifient, son regard sur les choses change... ce qui ne plaît pas à tout le monde. Après qu'on lui a demandé de réveiller ce Maire qui semblait sclérosé dans la réalité du pouvoir, elle subit les foudres de l'entourage. "Il faut que l'influence que tu as sur lui cesse. Cela lui obscurcit l'esprit.", lui glisse t-on en guise d'avertissement. "Il doit arrêter de penser ?" interroge la jeune philosophe. 

On ne vous racontera pas la fin du film, empreint de vérité, d'une réalité à peine caricaturale. Les dialogues font mouche, Fabrice Luchini incarne un homme politique étonnant.  Anaïs Demoustier est lumineuse dans son rôle marqué par la spontanéïté, la fraicheur et la profondeur des idées. Un film propice à la réflexion.  A ne pas manquer !

 

Marie-Hélène Abrond

 

Publié le 28 septembre 2019.

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