Il est de ces rendez-vous télévisés qu'on ne veut pas manquer. Des rendez-vous pour honorer la mémoire, le talent, l'engagement. Jean Ferrat nous a quittés il y a tout juste dix ans. Michel Drucker évoque son ami en lui consacrant un "Vivement Dimanche" spécial, dimanche 22 mars à 14h10. Un moment chaleureux, émouvant, intime et en chansons.

Jean Ferrat était un homme rare et un artiste engagé. Lorsque vous le rencontriez pour la première fois afin de l'interviewer, il avait ce regard chaleureux, bienveillant et sensible de ceux qui savent accueillir avec simplicité. Le plus impressionné c'était vous, le journaliste arrivant avec vos questions... qui ne pouvait que se sentir petit... devant le parcours de cet auteur, compositeur, ami d'Aragon. Pourtant, très vite, la conversation s'installait, naturelle, sensible, révoltée, s'interrogeant tour à tour sur l'évolution de la société, les injustices, la politique, la vie. Car, Jean Ferrat, avant chaque retour en chansons, avait pris le poul de la société. A chaque rencontre, il y avait cette écoute, réelle sans être surfaite, une parole, une voix, un échange, un vrai. 

Avec Gérard Meys, son producteur et ami et Isabelle Aubret. Photo Francis Petit.

Les chansons de Jean Ferrat appartiennent au patrimoine de la chanson française. Il faut, pour le comprendre, retracer le parcours de l'homme pour mieux comprendre la source de ses engagements et de ses chansons.

Né en 1930, Jean Tenenbaum, juif d'origine russe ne reverra jamais son père déporté à Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale. Lui même, enfant, est caché, un temps par des militants communistes pour échapper à la Shoah. Après la guerre et devant le besoin d'aider sa famille, il est employé comme aide-chimiste.

La chanson ne commencera que dans les années 50 où il se produit dans les cabarets. Admirateur de Louis Aragon, Jean Ferrat pose sa musique pour la première fois sur le poème "Les Yeux d'Elsa". Gérard Meys, son producteur, commence à travailler pour lui en 1959. 50 ans de fidélité et d'amitié s'ensuivront. Et 1962 marquera la rencontre artistique avec Isabelle Aubret. Une amitié indéfectible.

  Photo Seym                                                                                            

Des galas,  il en fera beaucoup, jusqu'à 300 par an et parfois 15 jours dans une même ville où afflue le public. Le Palais des Sports de 1972, année de ses adieux, à 42 ans, est l'un des plus mémorables. Véronique Estel, fille de Christine Sèvres, première épouse de Jean Ferrat et Isabelle Aubret témoignaient déjà, l'an dernier, sur le  plateau de "Vivement Dimanche": "Lors de ce spectacle, Jean avait décidé de demander à la production de mettre les places à un prix qui permettrait aux moins riches d'accéder à la salle, à l'époque 5 francs." Un engagement  exprimant la personnalité, riche, discrète de l'homme qui vivait pleinement en Ardèche, à Antraigues-sur-Volane, le lieu qui l'avait inspiré pour "La Montagne".

Photo Seym

Pour les dix ans de sa disparition, vous entendrez, bien sûr, au cours de ce "Vivement Dimanche", le témoignage de Michel Drucker sur son ami mais aussi ses plus belles chansons et un inédit "Dis moi, qu'as tu fait du temps des cerises ?". 

Une chanson, enregistrée en 1991, qui marque la sortie d'un nouvel album de ses grands succès n'avait pu être insérée à un album et qui trouve toute sa place pour cet anniversaire.

« Chanter est un acte important, comme d’écrire, comme de peindre, disait Jean Ferrat, tout ce qui a trait aux disciplines artistiques. J’ai essayé à travers les chansons de faire partager ce que l’on croit être la vérité ». Réécoutez ses chansons et ne manquez pas cette spéciale, dimanche sur France 2 !  

Marie-Hélène Abrond

 Publié le 17 mars 2020