Tout juste sorti au cinéma, le biopic, Rudolph Noureev, le corbeau blanc signé Ralph Fiennes et incarné par Oleg Ivenko est un film à voir par tous les amoureux de la danse. De l'enfance pauvre à la gloire, de Leningrad à Paris sur fond de guerre froide, c'est l'itinéraire fascinant du danseur prodige qui est retracé au long du film.

Les choses n'avaient pas bien commencé pour le petit Rudi que rien ne prédestinait à la danse. Né dans le Transsibérien par une journée polaire de mars 1938 et dans le dénuement le plus total, il est déjà "à part" des autres, attentif, solitaire. Une enfance qui permet de saisir, au fil du film, la personnalité complexe du danseur.  

Hasard s'il en est, Rudolph, tout juste 6 ans, entre à l'Opéra d'Oufa (ville proche du Kazakhstan) grâce à un billet gagné par sa mère, pour assister au spectacle.  C'est le coup de foudre pour la danse. Mais le chemin sera long jusqu'à l'Opéra Garnier.

Avec le Ballet du Kirov qu'il parvient à intégrer avec difficulté à cause de son atypisme, il débarque en mai 1961 à Paris, sous étroite surveillance politique. On est alors en pleine guerre froide et les tensions sont extrêmes. La troupe loge dans un hôtel, place de la République. Comme un symbole, le jeune danseur pose son regard sur la devise républicaine. Passionné par tous les arts, il se rend au Louvre observer "Le Radeau de la Méduse"  de Géricault et les sculptures qui l'inspirent.

Rudolph Noureev rêve de liberté, d'ouverture, pour lui-même et son art. Il va au-devant des artistes français, parle anglais à la surprise de tous : "Je ne voulais pas être sourd et muet à l'Ouest" affirme t'il. Pierre Lacotte, le chorégraphe (incarné par Raphaël Personnaz) lui affirme sur les toits de l'Opéra: "La danse classique vient de France, l'énergie de l'Est; tu brûles les planches. Seul le trac peut te paralyser."

Les échanges sur son art qu'il voit différemment des autres  se multiplient: "Sans histoire à raconter, pas de raison de danser. Pourquoi le danseur resterait-il planté, limité dans se mouvements, contrairement à la danseuse ?" La pensée, l'art, l'entrainement intense, les souffrances physiques, les mouvements d'humeur liés à sa personnalité et son passé, tranchent avec une âme d'enfant, toujours fascinée par les trains. Son rêve: trouver un train électrique à Paris pour l'emporter dans son pays. Mais pas n'importe lequel, un "Transsibérien" comme celui dans lequel il est né ! 

Mais la tension extrême s'installe au Bourget où moment où le corbeau blanc, épris de liberté, est écarté du groupe pour un retour immédiat en URSS alors que la troupe part pour Londres. L'intervention de ses amis français lui permet alors d'obtenir l'asile politique en France.

C'est bien plus tard, en 1983, que Rudolph Noureev sera nommé directeur du Ballet de l'Opéra de Paris, dont il s’emploiera à agrandir le répertoire, l’enrichissant de reconstitutions de l’époque baroque et pré-romantique. Il nommera, en outre, cinq étoiles dans leur vingtième année. Et ne reverra son pays qu'en 1987.

Spécialistes ou curieux, laissez vous emporter par ce film, dédié à l'art et la liberté.

Marie-Hélène Abrond

A noter  aussi la parution de l'ouvrage de Julie Kavanagh intitulé "Noureev, une vie" publié aux Editions L'Archipel.

Et pour plus d'informations sur Rudolph Noureev, rejoignez le site qui lui est dédié.

 

 

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