Présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes, "La Belle Epoque", le nouveau film signé Nicolas Bedos sort demain au cinéma. Avec une tête d'affiche de choix : Daniel Auteuil, Fanny Ardant, Guillaume Canet, Doria Tillier. 

Ils se sont connus dans les années 70. Marianne (Fanny Ardant) et Victor (Daniel Auteuil) arborent une vie de couple usée par les années. Marianne est psychanalyste, Victor, dessinateur. L'une a cherché à avancer avec le temps, l'autre ne s'adapte pas à l'évolution du temps et rêve au passé. Les décalages entre eux se sont  creusés puis transformés en fossé. Victor est désabusé, Marianne rêve de liberté. On l'a compris, rien ne va plus.

Mais ce n'est pas sur cette scène que s'ouvre le film qui plonge dans l'histoire avec une séquence décalée:  un dîner en présence de Napoléon III. Le spectateur peut être surpris jusqu'au moment où il comprend qu'il s'agit d'une scène interprétée par des comédiens. Pas pour un tournage sur un plateau de cinéma mais pour des gens qui rêvent de revivre un moment fort et magique de leur existence ou simplement être plongés dans un passé dans lequel ils auraient aimé vivre.

Maître de ce concept original intitulé "Les Voyageurs du temps" : Antoine incarné par Guillaume Canet. Tel un metteur en scène et réalisateur d'un film, il organise les journées, les nuits des clients afin qu'ils replongent dans un passé révolu. Une formule cadeau à offrir à des tarifs démesurés à la hauteur du rêve. Car tout est là: décors, costumes, accessoires, comédiens, écriture de dialogues associés à la période  que veut revivre le client.

Mis hors de chez lui par une épouse excédée, dans des dialogues incisifs, percutants (signés Nicolas Bedos), Victor choisit de revivre une soirée des années 70, celle où il a eu le coup de foudre pour la femme de sa vie. C'est Margot (Doria Tillier) qui va prendre les traits de Marianne.

Antoine qui vit une histoire d'amour tumultueuse avec Margot va donc réaliser le rêve de Victor qui replongera avec bonheur dans son cocon, version années 70 le soir et travaillera, le jour,  à l'époque actuelle. C'est la singularité du scénario qui tricote avec finesse la psychologie des personnages qui évoluent tout au long du film. On y trouve à la fois le temps qui passe, le quotidien qui use, la société, le monde qui change, les regrets mais aussi le mal-être des vies en duo dont les parcours évoluent sur des tempos différents et puis, l'envie presque enfantine de tout oublier pour replonger dans la nostalgie du temps passé.

On ne vous dira pas comment se termine cette histoire à la fois acide et tendre, mais on ne pourra de s'empêcher à son voisin en fin de projection : "Et vous, quel moment aimeriez vous revivre ?"

 

Marie-Hélène Abrond

                                                                                           Publié le 5 novembre 2019

 

 

 

 

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