C'est une histoire singulière, faite de résistance, d'amour et de Foi.  "Une vie cachée" sort demain au cinéma. Signé Terrence Malick, huit ans après sa Palme d'Or à Cannes pour "The tree of life", il nous entraîne dans une histoire vraie  et une vie méconnue : celle de Franz Jägerstätter incarné par August Diehl, un jeune paysan autrichien pris dans la tourmente du nazisme.

Les paysages sont si beaux qu'il semblerait que rien ne peut perturber le bonheur originel de St Radegund, ce petit village niché dans les montagnes à proximité de Salzbourg. La vie est rythmée par les saisons, entre mariages, naissances, culture des champs. La famille Jägerstätter y coule des jours heureux.  "C'était si simple, comme si rien ne pouvait arriver. On vivait au-dessus des nuages", entend-on au milieu du bonheur. Certes, le père de Franz est mort dans les tranchées de 14/18 mais la vie du jeune homme s'est reconstruite avec  Franziska, incarnée par Valérie Pachner. Un, deux puis trois enfants scellent cette union. Tandis que les nuages de plus en plus sombres s'amoncellent au-dessus du village, on saisit, symboliquement, que l'ambiance bucolique à laquelle nous invite le réalisateur est menacée. Hitler est arrivé au pouvoir.

Sans en prendre conscience dans un premier temps et alors que la famille et le village vivent normalement des avions de la Luftwaffe, tels des prédateurs déchirent le silence au dessus des nuages.  Cette paix originelle peut elle subsister ?

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1940. Au début de la guerre, Franz est envoyé à la caserne d'Enns. Il y fait ses classes, s'entraîne au combat . Tous applaudissent devant les conquêtes du Führer. Sauf lui. "Qu'est-il arrivé à notre pays ? A cette terre qu'on aime ?" s'interroge t'il.

Sombre et inquiet, il rentre chez lui. Les travaux des champs reprennent. Jusqu'à l'arrivée de militaires de la Wehrmacht qui investissent le village.

Les mentalités changent. Le maire de St Radegund soutient le pouvoir et est bien décidé à faire plier ses concitoyens. Franz résiste: "Ne perçoivent-ils pas le mal ?" 

 

 

Alors que les cloches de l'église continuent de rythmer les saisons, Franz sait déjà lorsqu'il sera appelé, qu'il ne pourra jamais prêter allégeance, au Führer comme doit le faire tout bon autrichien. Impossible d'aller contre sa Foi. Il le sait, on l'avertit:  il sera fusillé pour ce refus. Le prêtre de la paroisse, puis l'Evêque ne réussissent pas à le convaincre. Franz devient "un cas" et le restera  jusqu'au Tribunal militaire. 

 

 

Toujours, il persistera dans ses valeurs morales incompatibles avec le national-socialisme, dans sa foi de paix, de liberté, subissant humiliations et tortures.  Tout au long du film, c'est la voix du couple qui est entendue. La relation épistolaire entretenue entre Franz et son épouse, faite d'un amour absolu, leur permet d'endurer les humiliations subies dans leur vie commune, puis en prison et au village où toute la famille est rejetée. Pudeur extrême: aucun des deux n'exprime ses souffrances à l'autre. "Je t'aime quoi que tu fasses, quoi qu'il arrive. Je suis avec toi. Toujours."lui dit Franziska. Jusqu'à l'instant ultime de la condamnation à mort. 

Si cette histoire est restée longtemps méconnue, elle fut révélée plus largement  au grand public, en juin 2007. Le Pape Benoît XVI publia un décret autorisant à reconnaître Franz Jägerstätter comme Bienheureux et Martyr.

Un film à voir pour la beauté des images, la puissance des idées, la force de volonté et de résistance. Au delà de tout.

 

Marie-Hélène Abrond

                                                                                                Publié le 10 décembre 2019.

Photos : Iris productions Inc.

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