Emmanuel Chaunu : Le dessin, l'humour, la comédie comme terrains de jeux

L'oeil, l'écoute, un sourire esquissé, le feutre se lève sur le papier, la situation saisie... Emmanuel Chaunu la "croque", en direct,sur le plateau de Michel Drucker à "Vivement Dimanche"sur France 2. Les invités, tous célèbres, sont émus ou éclatent de rire devant le comique de situation tracé sous leurs yeux. 

Mais le caricaturiste est aussi artiste sur scène et jongle avec l'humour, la comédie, le dessin. Un concept qui en fait un show  inédit ! Il jouera, avec un public complice, dès le 10 mai, à l'Auditorium du Château de Caen pour son nouveau spectacle "Mon jour le plus long".

Pour mieux saisir ce qui anime Emmanuel Chaunu et découvrir son parcours, il a accepté de nous ouvrir les portes de son atelier situé dans la Normandie qui l'a vu naître,  là où il dessine comme il respire.

Comment est née votre vocation ?

Je suis le dernier d'une fratrie de cinq enfants. Mon frère ainé est décédé à 16 ans. J'ai vite perçu ce drame et senti que j'avais une place à part. Il fallait faire sourire et dessiner a été une façon d'échapper à une douleur. Mes parents étaient historiens, il y avait des livres partout mais l'oralité était essentielle avec de  grandes discussions autour de tablées, une culture politique et historique très fortes. Le dessin tient sans doute à mon éducation protestante dans le sens où il faut produire quelque chose, sans se mettre en avant. En moi, j'avais la dualité du comédien de l'homme de scène et du dessin. Henri Verneuil, rencontré à 20 ans m'avait dit de me spécialiser. J'ai retenu le conseil, me disant que je reviendrais à la comédie. Je voulais créer une passerelle entre les deux. J'ai aussi appris à faire du dessin en direct, du dessin de foire un peu comme les chansonniers le faisaient dans les Caveaux. Piem, Faizant, l'émission de Jacques Martin m'ont marqué. Goscinny, Franquin, Sempé représentent pour moi, une forme d'art majeur.

Comment naît l'inspiration juste avant de se lancer dans une caricature ?

Dans l'art du dessin, on trouve une part de travail  mais aussi cette part d'ombre qui échappe au dessinateur. J'avoue que c'est un mystère pour moi dont je ne peux pas parler, y compris de mes fulgurances et mes lacunes car tout artiste se construit sur des lacunes. Il y a le trait du dessinateur qui doit pouvoir se stabiliser, murir. Mais le dessin doit rester efficace car on n'est pas dans le domaine artistique pur. Le dessin doit être populaire, rapide, compris par tous. 

Y a t'il des gens impossibles à caricaturer ?

Les femmes, souvent ou  des personnes qui ont des visages très lisses. Un visage est un paysage, un relief. Les défauts sont très utiles dans la caricature. Le facteur notoriété joue aussi. Plus quelqu'un est connu, plus il est facile de le styliser. Par exemple, il suffit de dessiner le nez de Jacques Chirac pour qu'il soit reconnu tout de suite.

Parlez nous de votre spectacle qui a un concept original...

C'est une part de liberté complète. Je monte sur scène et je dessine tout en parlant. Une performance pour moi mais aussi le moment où je suis le plus à l'aise car plus libre: j'utilise de nombreuses facettes de ma personnalité grâce à ce show. Je ne joue pas de guitare, de piano mais le dessin est comme un instrument de musique. Je bouge beaucoup et ne me cache pas derrière mon dessin. Ma timidité s'en va. On y trouve des grands classiques, l'actualité de la journée et l'improvisation quand je fais monter des spectateurs sur scène. Je deviens presque un sorcier quand je me "saisis" de leur destin et que je les dessine. C'est à la fois eux et pas eux... mais on doit les reconnaitre tout de suite. .Au fond, c'est un stand-up de cabaret.

Que concoctez-vous pour ce nouveau spectacle ?

Je raconte "Mon jour le plus long". Quand on nait en Normandie, on a  un syndrome. Sans avoir vécu le Débarquement on a l'impression de l'avoir vécu; on en devient témoin par les histoires qu'on nous raconte, les monuments, les lieux.  Je fais une analogie entre ce que j'ai vécu et les grandes scènes du Débarquement, dans une forme d'allégorie fondée sur mes souvenirs d'enfance sur la Côte de Nacre.

 

Marie-Hélène Abrond

 

Dès le 10 mai à l'auditorium du Château de Caen. Réservations : 06.87.11.00.35.

Rendez-vous aussi sur le site d'Emmanuel Chaunu  http://www.chaunu-show.fr/. Retrouvez ses dessins d'actualité dans Ouest France, dans l'Union ardennais sur Twitter ou Instagram 

 

 

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