Alors qu'il joue, en simultané au Théâtre de la Contrescarpe, Lucas Andrieu a repris "Hypo" au Théâtre du Marais jusqu'au  20 septembre. Il y campe, avec brio, un jeune adulte hyponcondriaque qui se penche sur son jeune mais douloureux passé où l'inquiétude de la maladie a dévoré l'enfance. Un seul en scène émouvant et drôle, librement inspiré du livre de Christian Astolfi et mis en scène par Xavier-Adrien Laurent.

Des coffres à jouets, le pas hésitant d'un jeune homme à l'allure d'ado, Hypo alias Lucas Andrieu arrive sur scène, se penche sur son passé, époussetant le moindre grain de poussière et désinfectant tout sur son passage dans la crainte d'attraper une quelconque maladie. Le souci d'Hypo c'est qu'il n'aurait jamais voulu sortir du ventre de sa mère, la caverne, où il se sentait en sécurité. Surnommé ainsi pour sa crainte immodérée de tout ce qui risquerait de nuire à sa santé, il s'est toujours senti incompris.

Quoi de plus singulier, en effet qu'un enfant préférant les flacons de sirop au doudou dont il a gardé collection, refusant les bonbons et les bisous, haïssant la cantine où il se révèle être "un incompris de l'alimentation", en quête d'une nourriture saine. Comment ne pas être isolé à l'école ?

Impossible aussi de monter dans un bus, "structure de bactéries ambulantes". Incompris, l'enfant puis l'adolescent à la sensibilité exacerbée digne du précoce qui s'ignore ne se sent bien qu'en compagnie du "Vidal", le dictionnaire des médecins où il cherche à "assurer sa survie hors de la caverne" et de ses médicaments bien alignés qui seuls, le rassurent. De séances psy en cours de bio au collège, de ses parents à sa "Tatie Purée" qui, elle seule, le comprend et le laisse grandir à son rythme, respectant sa différence, vous l'aurez compris : l'enfance d'Hypo est un cauchemar qui s'accroit à l'adolescence avec les premiers émois amoureux. Seul un évènement familial inattendu qu'on ne dévoilera pas lui donnera l'envie de s'élancer dans l'existence adulte, d'un pas plus assuré. Car la vie n'attend pas.

Alors, hypocondriaque ou pas Lucas Andrieu ? "Un peu", confie t'il à la sortie du théâtre. Celui qui joue en simultané "L'étrange affaire Emilie Artois", un thriller psychologique, co-écrit avec Emma Baudoux, est un jeune comédien heureux avec tous les atouts pour débuter une grande carrière. Passion de la scène chevillée au corps, il voit ses salles afficher complet, ne cessant de remercier le public d'être là ! Un succès mérité dont nous suivrons l'ascension... 

Rendez-vous au Théâtre du Marais pour assister à Hypo jusqu'au 20 septembre et au Théâtre de la Contrescarpe pour "L'étrange affaire Emilie Artois" jusqu'au 29 septembre.  Retrouvez aussi notre interview de Lucas Andrieu pour cette pièce sur CulturActu. 

Marie-Hélène Abrond

Publié le 18 août 2019.