Serge Gainsbourg, le jeu du "je"

Tout a été dit, écrit ou presque sur Serge Gainsbourg. Auteur-compositeur-interprète, pianiste, scénariste, metteur en scène, écrivain, acteur et cinéaste, le profil atypique, l'audace, la provocation "made by Serge Gainsbourg"a été aimée des uns,  honnie par les autres. De provoc' en provoc' Gainsbourg est devenu Gainsbarre avec son style.

Audrey Tordelli et Joseph Agostini nous présentent un "Gainsbourg sur le divan" aux Editions "Envolume".

Le parti-pris de l'ouvrage est original car organisé en deux parties. La première signée Audrey Tordelli présente un "Moi Gainsbourg". La voix de l'auteur parle de Serge Gainsbourg à la première personne retraçant toutes ses étapes de vie. "Je suis un canard qui a cherché toute sa vie à ressembler à un cygne", déclare Audrey Tordelli.

De la peinture à la chanson, de ses amours avec BB à sa rencontre avec Jane Birkin en passant par la naissance de Charlotte, l'emploi à la première personne de l'auteur peut interroger, voire déranger. Car au fond, que sait-on d'un artiste, de ses ressentis hormis ce qu'il veut bien montrer à l'oeil de la caméra, à ses admirateurs ou ses détracteurs. 

Audrey Tordelli prévient en préambule : le projet est de "raconter Serge Gainsbourg dans sa subjectivité pleine, à travers ma propre subjectivité. Parler en hommage à, soit à travers lui et nullement en son nom: c'est aussi simple et aussi complexe que cela."

Dans la seconde partie, Joseph Agostini, en sa qualité de psychologue clinicien, s'attache à analyser la vie de l'artiste à travers son histoire dans une "Psychanalyse du claqueur de mots". A travers sa naissance, ses origines, son physique atypique, ses chansons, ses amours, l'auteur tente de décortiquer la personnalité complexe de l'artiste, à partir de ce qu'il a bien voulu nous montrer. 

On le comprend: cet ouvrage est une proposition de compréhension à travers un double regard sur une personnalité marquante, attachante, à la sensibilité fine se cachant sous des attitudes provocatrices. 

Mais qui, en définitive, pourra jamais savoir qui était Serge Gainsbourg sous ses volutes de fumée ?  

Marie-Hélène Abrond

Publié le 2 avril 2019

 

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